Projets non-réalisés

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Ce soir à Pollen, il y a vernissage, pour l'expo de Aurore Valade. On va voir tout d'un coup plein de gens dans les murs, ça va faire bizarre.

19H38
Le plus bizarre, finalement, ça n'est pas le nombre de gens, mais la persistance de leurs questions, qui me ramène toujours à la même chose : " et alors après c'est donc toi qui exposes ici, avec Rabea ? Et qu'est-ce que tu vas montrer ? Sur quoi es-tu entrain de travailler en ce moment ? "

21H32
Nous sommes au restaurant.
L'étau se resserre, je ne pense qu'à l'exposition, et j'ai peur.
Tout est bon à prendre pour me distraire,



mais je n'arrive pas à rester calme.
En effet, nous sommes déjà au mois d'avril : la moitié de la résidence est presque écoulée. Plus les jours passeront, et le paradis se transformera en cauchemar. En plus des interrogations, le travail et le stress vont s'accumuler.

En arrivant ici, on m'a conseillé de rester calme, et de ne pas me précipiter tout de suite dans un projet préconçu. Alors j'ai été sage, et me suis tellement appliquée à faire mes repérages, que je leur ai donné une forme, dans ce blog.
Mais avec les repérages, il y a aussi les projets non réalisés, ceux auxquels ils ont échappé, (les gens de Pollen).

Au tout début, j'ai pensé à relever les lieux abandonnés du village, (boutiques fermées, vieux cagibis poussiéreux, cabanes déglinguées...), en dresser une cartographie, comme une sorte de parcours alternatif.

Ou alors repeindre intégralement, en blanc, tous ces endroits, y compris leur bric-à-brac, pour "faire apparaître les fantômes". Mais c'était sans doute difficile pour les autorisations.

Après j'ai pensé au centre de formation agricole désaffecté, le CFA. Mais là, ça serait encore plus difficile à repeindre tout en blanc. Et puis peut-être trop monumental (le bâtiment est vraiment placé à l'entrée du village, en hauteur, très visible, très grand. J'imagine facilement la réaction de Denis à ce genre de proposition, ses yeux grands ouverts... )










(le CFA est jaune. vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.)

Ensuite, il y a eu les "vidages". Une vidéo en plan fixe, dans un endroit vieux et encombré, avec des murs assez abîmés, qui serait petit à petit vidé, et repeint en blanc. Le tout montré en fondus enchaînés, comme un espace qui redeviendrait vierge, ou qui finirait de mourir, à l'inverse.



Entre-temps, j'avais aussi envie de réaliser une série photo sur des barrages hydrauliques... Ou bien une vidéo, filmée à partir des écoulements d'eau dans une écluse, ou une station d'épuration, pour projeter ces images dans la vitrine d'une boutique désaffectée, de telle manière qu'on croit à un tourbillon d'eau boueuse qui remonte au plafond... encore des histoires de fantômes ...





Enfin, il y a eu le projet de faire une vidéo sur le village-vacances, avec un principe de dédoublement de l'image, pour aller dans le sens de la multiplication de ces bâtiments sans âme, et qui deviennent absurdes, difformes... Mais mon idée est un principe visuel qui ne donne pas grand chose, pas assez de matière pour en faire toute une vidéo.

Et en ce moment ? Je fais des photos à la chambre, sur "la campagne en plastique" (haies bien peignées, végétation domestiquée, jardins en équerre, constructions asymétriques en tôle, couleurs fluos...) J'apprivoise mon nouvel appareil. C'est difficile, et ça ne marche pas tout de suite. Tous mes négatifs ne sont pas correctement exposés, et les cadrages sont encore laborieux. Je suis redevenue une débutante, et dans ce contexte, ce n'est pas forcément agréable.

Mais cherchons encore, j'ai peut-être une autre idée ...

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