lundi 23 avril 2007

Départementale 911

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Après avoir fait mes repérages avec l'appareil numérique, j'entre dans la période où il faut choisir les images à faire à la chambre, pour l'expo. Je retourne donc sur les sites choisis, selon un parcours routier plus ou moins logique, et en fonction de l'orientation du soleil - pour que les ombres soient le plus favorables à la composition de mon image...


14h02

Le Soleil est au beau fixe, avec un ciel parfaitement bleu.
Aujourd'hui, je vais vers la D 911, pour retrouver cet espèce de Musée, quelque part entre Sainte Livrade et le Temple-sur-Lot. C'est une route où circulent beaucoup de poids lourds, parce que c'est à peu près plat, en ligne droite et sans virages, contrairement aux autres routes du Lot-et Garonne, étroites, valonnées, désertes... Du coup, sur la D 911 il y a toutes les structures agricoles, entrepôts, magasins de gros, stations-services, Ferme-Musée du Pruneau, Musée Charles de Gaulle...



C'était un vrai musée, avec une exposition de costumes, et aussi un restaurant, et aussi une station service. On peut encore voir à l'intérieur des peintures murales du Général à l'échelle 1, dans différentes attitudes, auréolé du ruban tricolore, et avec une croix de Lorraine géante flottant dans l'espace, à côté du Général.

Maintenant, tout est fermé, et c'est à louer, au 06 07 05 63 95.



J'installe ma chambre photographique, et je reste sous le cagnard pendant 1 heure 30, encouragée par les klaxons des poids-lourds.

17h04

Je vais à Agen, pour retrouver ce magasin de climatiseurs que j'avais apprécié pour ses qualités photogéniques.




18h20


En passant par Villeneuve-sur-Lot, je cherche un raccourci. Mais la chaleur et la route m'ont épuisée, et je me perds dans une zone industrielle.







Je m'arrête devant cette église. Derrière, à ma mauvaise surprise, un gros chien noir allongé par terre. Mais il ne bouge pas d'un poil, et il est attaché. J'observe sa poitrine, qui se soulève doucement. (Il n'est pas mort.)



Toute personne susceptible d'avoir des informations sur cette église, ou sur le Musée Charles de Gaulle, (photographies, plaquettes, ...), est invitée à se faire connaître.



22h01

En attendant de savoir si je pourrais réaliser cette vidéo-peinture sur le site industriel de Fumel (j'aurai la réponse demain matin), j'ai donc choisi de faire cette série d'images sur "la campagne en plastique", avec des sites comme le village-vacances, la caserne des pompiers, le stade municipal, des jardins privés, une maison de retraite... tous lustrés, aux couleurs vives, tirés à quatre épingles et au gazon rasé de près, que je photographie de façon outrancière, avec des perspectives exagérées, et des cadrages "ostentatoires". Mais avec ces images du Musée ou de l'Eglise, je dérive vers des sujets "insolites", "kitschs". Et j'ai peur de tomber dans l'anecdote.
Je me demande pourquoi cela m'attire autant.

Cela me fait penser au travail de Pierre Belouin, artiste en résidence au Québec. D'une certaine façon, et avec une autre maturité, son travail répond au mien. Il a proposé à un autre artiste de rédiger son journal de résidence à sa place. Pierre Belouin lui envoyait tous les jours des photos, et Nicolas Ledoux écrivait d'après ces images. Une sorte d'exercice de style, et peut-être aussi une mise en abîme, façon de s'amuser du "spectacle de soi entrain de faire de l'art".

Mais surtout, c'est à propos du décalage que quelque chose me concerne :

(...)
les filles sont "nature", elles ont l'air plus douces que le froid qui les pousse à venir boire une bière dans un endroit aussi peu funky qu'ici... Je passe finalement assez inaperçu - mais comme je reviens tous les jours les regards se font plus pressants - ils doivent se demander ce que je fiche ici à les dévisager.
(...)
je vis en décalage avec ceux qui m'entourent - pas le même rythme et à trop les observer je me rends compte que la logique du quotidien et de la survie bouffe tout, ronge toute contestation... et que cela ne changera pas.
(...)


le Journal de Pierre Belouin, artiste en résidence au Québec :
"Dans la peau de Twin Peaks", par Nicolas Ledoux.

http://www.ultralab-paris.org/pnl/edition/indexed-pierreb.html
http://www.optical-sound.com/

Voila. C'est précisément ça : un décalage que j'éprouve au quotidien, même dans ce que je mange ici, ce que je bois, les chiens que je croise... Tout y passe, et surtout la logique du quotidien.
Vous me voyez dans les rayons des supermarchés entrain de photographier des appâts de pêche, ou des corbeilles de pruneaux dans les meetings politiques. C'est peut-être ça, mon statut de parasite, qui oriente, de façon critique mon regard vers un lot-et-garonne "pittoresque"...

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3 commentaires:

catherine arbassette a dit…

je vais laisser mon premier commentaire.
je sais pas si c'est l'histoire du chien? mais, faut appeler la spa ,anne-laure!!!
sinon, je regarde à peu près tous les jours ce que tu fais à montflanquin!et j'aime tes images. quand nous reviens-tu à l'ira, où tout se barre en couille?
catherine A

Anne Laure Boyer a dit…

salut catherine

je reviens à bordeaux vers le 10 juin environ, et comme le temps va passer maintenant assez vite, je te dis à bientôt ;)

Anonyme a dit…

j'aime ta façon de regarder mon pays

jlp